L’IA n’est pas la révolution. La révolution, c’est nous ! Exemple du Live Case …
Je suis Juliette, pédagogue depuis plus de 20 ans. J’accompagne des formateurs, des responsables formation et des experts métiers. Comme vous, j’entends partout la même question : “L’IA va-t-elle remplacer les formateurs ?”
Ma réponse est claire : non.
L’IA n’invente pas la pédagogie. Elle ne teste rien, ne prend aucun risque, n’imagine pas de nouvelles expériences. C’est nous, pédagogues, qui expérimentons, ajustons, faisons vivre la relation d’apprentissage.
Mais… l’IA peut rendre possible ce que nous n’avons jamais pu faire : créer, en direct, des cas d’étude uniques et contextualisés avec nos apprenants.
L’innovation n’est pas là où on l’attend
Ce qui change avec l’IA, ce n’est pas seulement la préparation plus rapide. C’est la possibilité d’inventer en temps réel, sous les yeux des participants.
Imaginez : vous êtes en train d’animer une formation. Vous recueillez en 5 minutes les contraintes et besoins de votre groupe. Et là, vous générez un cas d’étude inédit, adapté à leur contexte, que vous allez itérer, complexifier et enrichir ensemble.
C’est ce que j’appelle le Live Case.
Le « Live Case », concrètement
Pendant une séance, comment ça se passe ?
- Cadrage flash (5 min)
Les participants démarrent par une phase de co-construction : chacun apporte les infos nécessaires (secteur, contexte, objectif, contraintes, données disponibles, enjeux politiques/éthiques).
Ici, ils posent le décor et donnent la matière brute.
- Génération 1 (2–3 min)
L’IA produit une première trame (situation, acteurs, livrables attendus, critères de réussite, pièges).
Les participants découvrent le cas qu’ils vont travailler.
- Stress test (5–10 min)
Les participants interviennent de nouveau : ils proposent des aléas et contradictions (budget coupé, données manquantes, tensions internes, risques réputationnels).
Le cas devient plus réaliste, plus exigeant, parce que ce sont eux qui le durcissent.
- Itérations guidées (10–20 min)
Les participants réalisent alors l’étude de cas proprement dite :
- par petits groupes ou en collectif, ils cherchent des solutions, testent des approches, proposent des livrables intermédiaires ;
- l’IA injecte en continu de nouvelles variantes (niveaux novice/intermédiaire/expert, déclinaisons métiers) et fournit des artefacts (e-mails, tableaux, briefs, comptes rendus).
C’est le cœur de l’activité pédagogique: les participants travaillent sur un cas vivant qui s’adapte à leurs réponses et à leurs questions.
- Évaluation & métacognition (10–15 min)
Les participants construisent leur propre grille d’évaluation : critères, niveaux, indicateurs. Ils s’autoévaluent, co-évaluent, puis débriefent la démarche avec le formateur.
Ici, ils prennent du recul et réfléchissent sur leur manière de traiter le cas, pas seulement sur le résultat.
- Capitalisation immédiate (2 min)
L’IA compile le tout : trame finale, variantes, grille d’évaluation, décisions prises.
Les participants repartent avec le pack complet du cas qu’ils viennent de vivre, utilisable ensuite comme ressource ou entraînement.
En une heure, le groupe a vécu une expérience d’apprentissage vraiment singulière : impossible à copier-coller, impossible à anticiper.
Pourquoi c’est une avancée pédagogique réelle ?
- Parce que le cas est ancré dans leur réalité.
- Parce que l’itération en direct rend visible la démarche et pas seulement le livrable.
- Parce que ça donne plus de place aux apprenants dans la construction.
- Parce que le formateur va encore plus loin, il anime une expérience d’apprentissage vivante.
ROI pédagogique (mesurable dès la 1ʳᵉ séance)
- Engagement renforcé : les participants co-créent les contraintes et scénarios.
- Transfert accru : le cas est construit à partir de leur réalité, donc directement réutilisable.
- Capacité réflexive développée : on évalue la démarche, pas seulement le résultat final.
Et après ?
Le Live Case est un premier exemple de ce que l’IA permet de réinventer dans nos pratiques pédagogiques. Mais ce n’est pas le seul.
Dans les prochains articles, je partagerai d’autres usages de l’IA qui ouvrent de nouvelles perspectives pour la conception, l’animation et l’évaluation.
Conclusion
L’IA n’est pas une révolution en soi. La vraie révolution, c’est ce que nous, pédagogues, choisissons d’en faire.
À nous d’utiliser ce temps gagné et cette puissance de génération pour oser l’innovation pédagogique.